Merveilleuse Dissociation

Publié le par Marie Juanna

Mercredi 11 Janvier 2017       

Minuit 21 
Je n’y arrive pas du tout.
La lucidité ne m’est clairement pas bénéfique. Mon esprit dégringole de flash-backs divers autant mal assimilés les uns que les autres. Ça fait une bonne heure que je cherche en vain le sommeil alors que je l’ai attendu depuis mon réveil du matin.
Entre la traversée de cette crique bleue à la nage en Croatie, et le courant qui a failli me tuer en toute discrétion en Bretagne, le feu de bois dans les ruines de Sedan avec Ju et Océ, en novembre 2015 ! Et mes nuits merveilleuses sur ce vieux canapé, enfumée, avec Amarouk à mes pieds. Me Gambarelli qui se resitue, perd son angoisse à mon contact, et me parle de Dieu et la langue Corse. Mon envie physique de courir, me battre, toucher, lécher, mordre et avoir mal. Ce sentiment de liberté totale à ma première leçon d’école buissonnière. L’impression de vitesse et de froid sur mon vélo dans les boulevards parisiens à 3h du mat en retour d’inventaire ou 8h30, les doigts gelés à porter un pneu de tricycle. Les poussées de chants dans le RER avec Flo, fayas à 6€ de mauvaises bières. Papa qui me raconte ses immondes tentations, sa femme qui confie sa culpabilité incurable, et Christian qui me colle à l’âme.
Et ces souvenirs de l’effet du bedo qui me manque tant, quand mes pensées cessent de se disperser et que je parviens enfin à prendre de la distance avec mon corps et mon esprit.
Ce sentiment quand mes balles volent sans cesse aux côtés de la Tour Eiffel ou que mes doigts m’englobent de sons en virevoltant sur les touches du piano.
Ce plaisir de faire gémir autrui par mes paumes sur son dos.
La fausse assurance à tenir lorsqu’il faut lever le pouce alors que la nuit est tombée. Le plaisir de se réveiller à 13h au milieu d’un champ de maïs à quelques mètres de l’autoroute. Le désarroi de voir M Blanc avancer seul les roues de son fauteuil, lentement vers les escaliers où il vient de s’exploser la tronche. La sensation de lutte vitale à avancer sur ce plateau Islandais, le plaisir immense de trouver une simple cabane de bois pour se reposer au sec. Me faire réveiller par Voyou l’âne qui broute ma tente et jouer aux barrières avec les pèlerins gamins. La simple contemplation du feu de bois pendant des moments interminables.
La sensation d’être totalement à sa place, authentique à soi-même, entourée d’amis plus que fidèles. Celle du groupe à soutenir et qui porte en même temps.
Cet échange avec un gosse des rues de Mostar en Bosnie Herzégovie et ceux avec ces consommatrices déjantées de USA. Faire une sieste sur ce banc dès l’arrivée à Donibane Garazi. Tout ces ranchs, jardins, mobilhome, garages, cabanons de services et autres propriétés scouatés pour une nuit. La première découverte libre du corps nu d’autrui, suivie de ces premiers trips fabuleux, Pink Floyd à regarder notre reflet contre celui de la lune via le velux. La lecture à voix haute ou carrément l’énergie à sortir sur la scène de théâtre, quand Julie explosait pour exposer Pacamanbo à son psychiatre.
Les non-larmes de mes yeux dans ces pires moments, qui ont coulées bien plus tard, de joie de rencontrer le bonheur.
Ces discussions où chacun avance ensemble loin de son propre chemin, que j’ai eu avec des êtres qui semblent déjà perdus.
Aujourd’hui, mes dents restent serrées et mes muscles crispés. Je ne me souviens même pas avoir déjà vécu une telle sensation.
Ces morceaux de chansons qui restent incrustés, quantités négligeables, l’homme l’animal le plus prédateur, c’est lorsqu’il est trop tard que tout mes cris veulent sortir, dans le miroir des sentiments mon esprit est une fleur flétrie, what did you exchange fo the lead role in a cage ?
Putain de bordel de merde, malgré toutes mes premières inclinaisons je suis un être social, et je suis en manque de drogue, l’un étant la conséquence logique de l’autre, sans savoir lequel est le plus originel.

Je n’arrive pas à m’apaiser.

Publié dans Révélations

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