Samedi 14 Janvier 2012

Publié le par Marie Juanna

12h35 Ça y ai l'hiver est tombé. Le ciel toujours bleu laisse le soleil éclairer ma ville, qui n'aura pas le droit 'être recouverte de neige cette saison. Mais l'odeur de l'hiver est enfin là, grisant et asséchant, cruel et tiraillant.
Bizarrement, j'ai 20 ans, et c'est maintenant que je le ressens vraiment. Je suis tant différente de l'hiver dernier ! Enfin, je suis semblable, mais ma vie est plus remplie et mes préoccupations plus vastes. Plus lointaines et ambitieuses.

15h42 Chez Christian. Je mets les draps à sécher et ai allumé un feu.
Avant-hier on disait à Claire que Catherine est une SDF.
Ce midi maman m'étalait encore une fois son plan de fin de carrière. Ce qui, selon elle, est triste car rime avec devenir vieux, et mort.
Dans 5 ans, elle arrête de travailler, et elle aimerait déménager à la Rochelle avant ça.
Elle m'a dit qu'il y a un moment Papa lui a proposé de déménager loin de Paris. Mais elle n'a finalement pas voulu car "déjà les choses de passaient mal" et elle ne "voulait pas se retrouver loin et seule".
Là où l'année dernière on rêvait sous Paris enneigé des résultats de mon concours, où j'attendais avec joie les cours de philo et d'anatomie, je dresse aujourd'hui un bilant dangereux de mes études.
Le second semestre début dans 3 jours. Forcément, les cours d'anatomie semblent limités aux matinées.
Mais je m'organiserais avec, ça ne sera pas un frein à mes objectifs. Je suis l'ordre que Christian répétait au feu : "Stop smoking, burn !" Comme une partition à deux temps, des périodes manichéennes, l'un ou l'autre ; l'un dans l'autre : moi.
Je fume et m'économise, puis je brûle et dévore, et ainsi de suite. L'un aidant l'autre.

Les parents devraient tout sacrifier pour propulser les enfants, et je ne peux pas reprocher à ma mère de l'avoir ignoré. Elle se garde prioritaire, mais après tout, quoi de plus humain ? Je devrais simplement franchir cet état d'esprit et agir de même pour mon être.
Le vieux voisin qui me dit les yeux brillants comme ça lui manque de me croiser dans les rues de la vallée. Et me balance "tu as vécu les meilleures années de ton enfance ici". Voilà qui va me laisser méditative. J'espérais plutôt y avoir passé les pires.
Et, traînant assurément dans le tourbillon de la vie, revoici Casper, cet étrange "lettre" à son intention, puis ce retour où en cherchant un cendrier je tombe sur un joint à peine entamé. Dans la brume de ces poésies enneigées, maintenant il n'y a que la poussière qui s'entasse. Le Mathieu virtuel qui rit jaune de se sentir vieux
Au rythme de Caravan Palace, Lazy Place, entre l'Homme et le chien, la solitude et les réseaux, la musique et les mots, la mélodie et le sens, le rythme et les conséquences, le passé et l'avenirs.

Viendra un jour où je devrais expliquer à maman que ma jeunesse doit être utilisée à me construire une situation autonome stable et non pas supporter sa retraite.
En règle générale, c'est toujours en négligeant autrui que je cultive au mieux mon propre épanouissement. Ensuite, je peux revenir vers lui et me sentir à ma place.
La société impose l'égoïsme ?
Hé bien, je jouerais le jeu dans ses règles, et une fois celui-ci gagné, j'imposerais les miennes.
Briller pousse à s'éteindre, alors que chauffer prépare à durer.
Mais est-ce que je veux vraiment durer ? Pas éternellement non, ma volonté se situe entre les deux, et sans ne voir que la durée, je perçois qu'il est temps d'un peu l'envisager.

Publié dans Cahier Recyclé

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