Samedi 24 Décembre 2011

Publié le par Marie Juanna

14h45

M'allonger dans ce silence, dans ce campement déserté. J'ai envie de sentir sa chaleur, toucher son épaule et plonger dans ses yeux, respirer son souffle et entendre sa voix. Je comptais aller à Villejuif, Belle Ep, Créteil, Pompadour, Vitry et Paris prendre des photos. Mais le ciel s'est couvert et mes pas m'ont amenée ici. Sur du Alice Russel, écho de ma lointaine jeunesse et de la percée de Mennel.

Quand mon monde se limitait aux profs et à mes nuits sauvages, mes camarades du lycée et mes expéditions loin des salles de classe.

De l'école buissonnière, Gavroche sur les toits et errances sur les pavés.

Ma haine envers mes contemporains s'intensifie quand je découvre à quoi sont réduits ceux que j'aime.

Le chant des oiseaux perçant le ronronnement de l'autoroute. Est-ce que je veux réellement m'éloigner de cette terre qui m'as vu grandir ?

Je veux me bâtir un chez moi confortable que je n'ai jamais connu, pouvoir me reposer, me soigner ou jouer de la musique au gré de mes besoins. Mais pourtant je ressens bien que la sédentarisation ne me convient pas.

Et la maternité ? Elever un disciple de mes capacités et de mes idées qui parcourra le temps, transmettre pour vivre au-delà de ma vie ?

Et si la découverte de Christian m'a effectivement rendue stérile ?

Et alors ? Pourquoi suivre ce schéma ? Je peux au moins tenter d'^être l'aboutissement de mes volontés tout au long de ma vie.

J'aimerais continuer à voguer d'homme en homme et dévorer les plaisirs de la jeunesse. Son absence me le permettrait mais pourtant il est toujours présent en moi et je ne sais plus désirer d'autres corps aux esprits si mauvais.

Sébastien souhaite un joyeux Noël à "l'équipe de Green Link" et nous conseil de profiter de nos proches. Casper traverse les sous-bois tandis qu'un hibou acclame l'allumé de mon joint. Je me défonce à cette mauvaise poussière et déplore ce temps perdu. Je chéris mon réseau et admire ma vie. L'hiver est ma saison où je me rassemble pour mieux me projeter dans les beaux jours.

Effectivement cette soirée avec la "famille" maternelle va m'être bénéfique.

Aaah… Bien sure, je fais parler les gens. Est-ce une force ou un handicap ? Je dirais un peu des deux.

 

18h32

Aaah, l'inflation… La chute de notre système économique suit une logique plus simple que son succès. Il est facile de comprendre pourquoi tout s'écroule mais moins évident d'expliquer comment ça tenait auparavant.

Chaque année tout augmente : les salaires, les impôts, les dépenses, le tabac et les tickets, l'essence et l'eau.

Tout le reste n'est qu'une question de chiffres : quand le SMIC prend +1,3%, et l'employé de Total jugé chanceux +4%, les patrons s'engraissent à +10% et le Président à +20%. On étouffe ces différences par des primes ponctuelles et tout consommateur se demande pourquoi il n'a jamais d'argent.

Je veux obtenir un abri, une cheminée, un piano, un lit, une bibliothèque et un four, un potager et une serre. Mais même après mes 7 ou 10 mois au SMIC, je serais à nouveau coincé sous dépendance maternel aussi longtemps que dureront mes études.

Je dois trouver une solution pour concilier les deux, et je le ferais.

AU final, je crois bien que c'est en grandissant dans ce fourbi sans limites, dans cette liberté sauvage, au milieu des tourments de mes 3 mères et ceux de mes frères et mon père, désertant l'école selon mes envies de solitude et guidant en rassemblant mes congénères égarés que j'ai acquis cette vision éclairée sur autrui. Mais comprendre une réaction ou deviner une pensée n'as rien d'exceptionnel et est bien loin d'anticiper des décisions.

Je perturbe et je le sais, mais je sais aussi que dès lors que je me prends au jeu les conséquences peuvent échapper à mon contrôle. D'ailleurs elles le font souvent.

L'isolement devient donc une protection. J'ai été jetée dans la vie sans aucun interdit, code moral, limite à mes volontés dès mes 13 ans au divorce et c'est après cet événement que j'ai du apprendre quotidiennement à réfréner mes désirs et contrôler mes choix pour mon bien. Ne pas passer trop de temps à partager mes blessures et savoir garder un oeil raisonnable quand l'autre sombre dans la folie.

Découvrir la liberté totale si jeune n'est pas donné à tout le monde et je m'en suis plutôt très bien sortit. C'est que j'ai également dû faire face à des responsabilités en même temps, et j'ai réussi à les endosser sans demander pourquoi ces coups tombaient sur mon dos.

On m'as enseigné le cynisme sourd, et j'y ai répondu l'enthousiasme aveugle. Baignée dans l'absurde suffisance, j'ai développé l'ambition raisonnée.

Maintenant ces poids sont liés à moi et malgré ma difficulté à tenir debout je continue à marcher.

Publié dans Feuillet Dénudé

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