Lundi 19 Décembre 2011

J'ai chaud et j'ai froid, je transpire et je frissonne, je chantonne puis me referme, sourit et ignore.

Ma voûte plantaire me fait souffrir et ma cheville proteste aussi, ce qui me fait tirer grimace à chaque déplacement. Je me sens fatiguée mais mon analyse d'urines ne laisse aucun doute sur l'origine de cet état, mes leucocytes n'ont jamais été aussi nombreux, j'en déduis que mon corps n'a jamais effectué tel combat contre la maladie. Je devrais me ménager. Au moins je ne dors plus dehors.

Je dépense mes derniers sous en muesli dont je retrouve la boîte vide au petit matin.

Ça fait plus de 10 jours que je veux prendre le temps de m'étirer mais chaque fois que je m'allonge le sommeil me prend. Au moins j'ai pu ranger ma chambre aujourd'hui, le manque de place ne sera plus une excuse.

J'ai décidé d'acheter un CD de Cesaria Evora. Ça fera un beau cadeau de Noël de ma part pour maman.

Je vais essayer de me faire rembourser le billet de train non composté. Presque une vingtaine d'euros, c'est tout de même pas négligeable.

Demain il faudra que je reste en forme pour cette heure de conduite qui va m'amener à demander une date.

J'en ai marre de faire traîner ça, et les dépenses engendrées sont vraiment trop importantes. Mine de rien, j'en suis déjà à 990 + 169 + 8 x 45 = 1519 €

Bordel, je n'aurais jamais imaginé pouvoir dépenser une telle somme. Pas étonnant que j'ai dû me trouver un travail dans la foulée. Si je foire l'examen, j'aurais encore tellement à payer…

J'ai la pression

Mon esquisse jaune arrive à sa fin. Je crois que je n'ai jamais été aussi productive. Est-ce que la qualité a suivi ? Hum… Je pense que ce support contient les plus belles phrases mais également les plus ennuyeux passages. Ce n'est ni jugeable ni comparable, à l'image d'un être et d'une vie, ça est, et c'est tout. Ça m'est utile et instructif, et ce sont deux excellentes raisons pour moi de continuer.

J'aimerais le faire dès ce soir avant de perdre mes feuilles volantes. Mais ça va certainement encore prendre un temps fou, et j'aimerais également me reposer l'esprit avec ce film que maman et Mathieu m'ont conseillé, me reposer le corps par des étirements et me reposer l'âme par le sommeil. Il est déjà 22h, la nuit sera trop courte pour tout ça, et ma journée de demain déjà bien remplie.

Et quand est-ce que je reprendrais la traduction des productions de Christian ? Et celui de me renseigner sur e personnage élu du Time, "The Protester", cet anonyme collectif de vendetta, du printemps arabe, cet indigné courageux, celui de la rue, d'Athènes à Moscou, occupant Wall Street sous les gelées et créant une communauté à Londres, ceux qui ont déjà changé l'histoire et qui changeront l'avenirs, le dernier espoir de tant d'êtres écrasés et épuisés, de Gandhi à Fadwa Soulimane, de Martin Luther King à Che Guevara, parvenant par sa détermination et sa précarité à percer dans le puissant monde informatique et celui de l'imaginaire collectif, mais si facilement rejeté et détruit par ceux de l'économie et de la politique, quand des hommes en cuirasses gaz et matraquent le hippie, quand l'homme amène les bras de son jeune fils sur un chantier, quand la mère vérifie la taille des talons de sa fille secrétaire, quand le monde français de l'entreprise prend des étudiants car ils ont été habitués à devoir faire plus qu'ils ne peuvent et "gèrent ainsi mieux le stress".

Sur ma page déchirée du Direct Matin, l'image féminine de ce visage universel sur la couverture, à côté du géant Merkel de l'Europe qui nous dit que "[Sortir de la crise] est un processus qui ne durera pas des semaines, pas des mois mais des années", quand mon dealer me livre à domicile sur un coup de téléphone, quand le Yéti explique le Moyen-Âge du capitalisme, la lente déchéance de la toute puissante du vainqueur vieillissant, comme une inévitable sclérose maturant le changement brillant.

J'espère que ma génération qui se nourrit de kébab & de mac do, d'Iphone et de Nike, de Disney et de Superman, de publicités et de loisirs de masse, de certitudes et de stéréotypes, d'acides et d'antidépresseurs pourra au moins créer celle qui explosera à la gueule de cette capitalisation mondiale.

L'actualité et l'Histoire devraient me faire penser qu'il faudrait bien plus de temps que ça mais vu l'importance du déséquilibre vital engendré par notre folie je garde espoir que noter réaction sera accélérée. Sinon, qu'adviendra-t-il de nos âmes et de notre Terre après des années de surexploitation ?

Le danger de cette auto-destruction c'est que la loi du vainqueur n'est pas forcément la bonne et le système qui profitera de l'anarchie ne sera pas forcément meilleure.

Est-ce que la Chine dominera ? Ou l'Islam ? Ou encore autre chose ? Qu'importe, le changement appel le changement, et une fois dans cet état bouleversé nous chercherons jusqu'à trouver.

Je préfère un dangereux mais ponctuel arrêt cardiaque qu'une respiration se noyant lentement. La cellule est l'individu dans l'organisme qui est la vie.