Mardi 13 Décembre 2011

Publié le par Marie Juanna

20h36

J'ai une croûte noire sur la lèvre. La peau plus boutonneuse que jamais. Le regard usé, cerné. Les cheveux sauvages, traînant sûrement une vague odeur de feu de bois (et de sexe ?). Les dents tartrées et les ongles noirs, les mains couvertes de petites blessures et la tête prompte à se laisser tomber.

Mais surtout, surtout, j'ai l'impression d'avoir perdu mon centre de gravité. Je le replace en moi mais il a perdu de sa puissance. Pourtant déjà je recommence à cultiver cet état d'esprit solitaire et combatif qui fait ma force.

Dans quelques jours, je me serais recréé un rythme profitable à mes ambitions. Aujourd'hui, j'ai essentiellement erré et phasé. Choisy de nuit à 7h comme à 18h, Paris sous le déluge ou Paris sous cet irréaliste ciel bleu de décembre.

Réveillée, caressée et nourrit en ce dernier matin sous le signe de l'amour, dans ce vent apocalyptique.

Tout de même, quel bonheur de se coucher en se sachant à l'abri des intempéries le lendemain.

Mais indéniablement, il y a un manque, presque un deuil.

Il ne me reste plus qu'à réagit comme je l'ai si souvent fait en période de coup dur : cultiver ma rage et ma tristesse pour en faire naître de novuelles forces. Mes objectifs, je les connais bien. Il est temps de passer à la vitesse supérieure pour leur accomplissement.

Je ne veux pas perdre de temps à me prélasser dans le malheur. Le plus dur sera certainement encore d'arrêter de fumer, mais c'est également ce qui va m'apporter le plus d'énergie et de clarté mentale pour mener à bien les combats à venir.

Je vais réussir. J'ai perdu ma boussole, et le sentiment que je découvre qui découle de cette perte ne m'as l'air que mauvais. Cartographier les abîmes du désespoir est inutile, je préfère directement renaître comme je l'ai si souvent fait.

Tant que mes jambes me portent, mes mains produisent et ma tête organise, je vais continuer à bousculer mon monde pour l'obliger à m'accepter. Une fois que je saurais pleinement profiter de ma société, je serais libre d'y participer ou de la rejeter.

Deux autres mauvaises choses aujourd'hui. Voir trois, avec mes lunettes cassées. La date d'examen au permis qui est repoussée, et ces moments à écouter les patrons se faire mousser la langue et entretenir le cornichon. Le monde de l'entreprise me répugne plus que prévu, mais j'ai également une autre surprise, c'est que je me sens capable d'y apporter ma touche et de "me vendre" avec succès. Je m'en sens capable, mais je n'en ai pas très envie.

Le jeu de l'échelle, léchage de trous de balle et délégation des merdes, je pourrais être douée dedans mais je renierais sans hésiter ces capacités car les gains ne me semblent pas bien grands en rapport des pertes : stress, responsabilités, obligations, obsessions, mensonges… L'art de se vendre est vicieux et je ne désire par me pervertir ainsi.

Publié dans Esquisse Jaune

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